Τετάρτη 18 Δεκεμβρίου 2013
Τρίτη 1 Ιανουαρίου 2013
Source: http://www.afrology.com/litter/pdf/encyclo.pdf
La littérature
d'Afrique noire
La littérature
moderne d'Afrique noire se situe au confluent de divers courants: ses
propres traditions
locales et diverses; l'impact des mondes islamiques et arabes;
l'influence
omniprésente du colonialisme européen et du christianisme. Les Africains se
sont montrés particulièrement prolifiques depuis la Seconde Guerre
mondiale; utilisant le français, l'anglais, le portugais et plus de
quarante langues africaines, ils ont composé de la poésie, de la fiction,
du théâtre, et inventé des formes d'écriture pour lesquelles il n'existe
pas de descriptif dans le monde littéraire européen. Leurs œuvres dressent
le portrait de la réalité politique et sociale moderne, et s'attachent
aux systèmes de valeurs, qu'ils soient ou non africains. Dans le même
temps, leurs écrits sont fondés sur les traditions indigènes et des
visions du monde typiquement africaines.
Bien avant l'arrivée des Européens,
avant même le développement de l'écriture, les
peuples de l'Afrique sub-saharienne ont
exprimé de façon artistique leurs pensées,
leurs sentiments
et leurs préoccupations les plus profonds, sous la forme de mythes, de
légendes, d'allégories, de paraboles et de contes, de chants et de mélopées,
de poèmes, de proverbes, de devinettes et de théâtre. Certaines formes
traditionnelles de la littérature orale ont survécu jusqu'à nos jours,
tandis que des formes nouvelles ne cessent d'apparaître. Elles expriment
aussi bien des thèmes contemporains que des thèmes du passé. Leurs styles
sont influencés par le monde extérieur, comme par les différentes cultures
présentes en Afrique. Elles se sont adaptées aux influences modernes, et
influencent elles-mêmes les différents modes d'écriture contemporains.
Les littératures traditionnelles
fournissent la trame des nouvelles structures, des nouvelles techniques et
des nouveaux styles qui transcendent les modèles littéraires figés imposés
par l'Europe.
La tradition orale
La tradition orale
est un témoignage qu'une génération transmet à la suivante, ce qui comprend
non seulement ce que l'on raconte des événements du passé, mais aussi toute
une littérature orale où l'imagination a sa part. Il ne faut pas envisager
l'oralité comme l'absence d'écriture, ce qui serait la définir de façon
négative, par un manque; en réalité, la tradition africaine de littérature
orale est aussi riche en contenu et en variété que celle de n'importe
quelle autre sphère culturelle qui utilise l'écriture.
Cependant, son étude fait l'objet d'une
méthodologie différente qui doit s'accommoder de la forme même de la
transmission des traditions, mythes, contes, etc.Cette tradition est moins
connue du monde occidental que l'art africain, car elle a été peu étudiée
et n'a pas connu les mêmes formes de diffusion. Les récits en prose – mythes,
légendes, contes folkloriques, anecdotes et plaisanteries – sont les formes
de littérature orale qui ont fait l'objet de la plus vaste collecte, mais
on trouve dans la société africaine d'autres formes d'expression, tout
aussi importantes. Ce sont les proverbes, les devinettes, les textes de
chanson et de drames, la poésie, les noms faisant l'éloge des individus
(titres honorifiques), et les phrases très difficiles à prononcer. Ces
formes à la base homogène sont remarquablement vivaces, même auprès des
habitants des villes malgré les rapides évolutions culturelles que connaissent
les zones urbaines. De fait, certains gouvernements se sont appuyés sur la
littérature traditionnelle pour promouvoir des idées d'identité et de
solidarité nationalistes. L'influence de l'héritage oral se fait nettement
ressentir dans les thèmes, le style, et l'esprit des œuvres de nombreux
écrivains contemporains.
Mythes et légendes
On a estimé qu'il
existait en Afrique plus de deux cent cinquante mille mythes,
légendes et contes
populaires. Dans la plupart des récits en prose, on remarque le
même genre – des
intrigues – et le même contenu – péripéties, personnages et objets – que
ceux que l'on retrouve dans d'autres sphères culturelles de l'Ancien Monde,
unité résultant du brassage des cultures. Pourtant, chaque société
africaine a modelé ces éléments au sein de sa propre littérature, en
fonction de ses propres modes de pensée, comme le dit un initié peul: «Le
savoir est connaissance de l'homme, mais aussi de tout ce qui n'est pas
l'homme, car il lui a été donné de connaître ce qui n'était pas lui» (Amadou
Hampaté Bâ, Koumen).
Parmi les plus célèbres mythes
transcrits par des ethnologues figurent les mythes dogons; dans leur
ouvrage le Renard pâle, Marcel Griaule et Germaine Dieterlen définissent
ainsi les mythes: des «explications indigènes des manifestations de la nature
(anthropologie, botanique, zoologie, géologie, astronomie, anatomie et physiologie)
comme des faits sociaux (structures sociales, religieuses et politiques, techniques,
arts, économie, etc.)». Les mythes et les légendes sont donc rarement différenciés
de l'Histoire dans les classifications indigènes, mais considérés au contraire
comme de vrais récits historiques que l'on distingue des contes
populaires, supposés fictifs. Les contes magiques mettant en scène des
animaux comme la tortue, le lièvre, le lapin, le chevreau ou l'araignée
sont les plus connus des récits africains. Dans les récits magiques
mettant en scène des hommes et des dieux, on trouve principalement des
rois et des roturiers, des jumeaux, des chasseurs, des ogres, et le «petit
peuple».
Proverbes,
devinettes et contes
Les proverbes sont
souvent employés pour renforcer des arguments, et pour enrichir la
conversation. Les utiliser avec habileté est, dans les sociétés africaines, un
signe d'érudition et d'élégance dans l'expression. De nombreux proverbes
sont très subtils, et ne peuvent être compris que par les auditeurs
familiarisés avec la culture de celui qui les énonce; aussi, l'étude des
proverbes offre-t-elle une vision précise des valeurs de base d'un groupe
culturel.
Les devinettes ont été beaucoup moins
étudiées que les proverbes, car elles sont principalement utilisées par
les enfants. Elles sont plutôt formulées comme des assertions que comme
des questions, et la relation entre l'interrogation et la réponse peut
être subtile au point de nécessiter une connaissance approfondie de la
matrice culturelle. On rencontre aussi des devinettes d'intonation
(assertions reliées entre elles uniquement par la similarité de
l'intonation), ou des devinettes-proverbes (adages liés par le sens, mais
qui peuvent être utilisés indépendamment). Parfois les devinettes ne sont
pas destinées à surprendre l'auditoire, mais à établir une sorte de dialogue
social, dans lequel les réponses sont connues de tous, et proférées à
l'unisson. Dans la plupart des sociétés africaines, la plupart des
membres du groupe connaissent les devinettes.Le conte, élevé en Afrique au rang
des beaux-arts, peut, dans certaines sociétés, être rapporté par des
conteurs professionnels. Les contes populaires sont généralement racontés
le soir durant la saison sèche, et l'interaction entre le narrateur et
l'auditoire atteint souvent des sommets d'intensité dramatique. Le bon
conteur est un acteur consommé, utilisant ses mains, sa voix et son corps
pour renforcer ses effets, quand il mime les tours du magicien, ou la
traque du chasseur. Les devinettes précèdent souvent la narration, et le
conte est ponctué de musique et de chants, avec la participation du
public. L'auditoire peut répondre à une question du narrateur, ou faire office
de chœur en accompagnant les chansons en solo. Au fur et à mesure du déroulement
de l'histoire, le public peut manifester son approbation ou critiquer le narrateur
s'il juge sa performance insatisfaisante.
Fonctions de la
tradition orale
Les différentes
formes de littérature orale remplissent plusieurs fonctions dans la société
africaine. Sources de distraction, elles ont également une valeur
éducative pour les jeunes, diffusent les rituels et les croyances,
encouragent la conformité aux normes culturelles, et apportent un
soulagement psychologique dans un cadre institutionnalisé. Souvent, une
consigne de bonne éducation est ajoutée à la fin des contes racontés aux
enfants, pour insister sur ses implications morales. Les devinettes servent
à dégourdir l'esprit des jeunes gens, tout comme les énigmes dont on ignore
la réponse, qui ont la même fonction auprès de leurs aînés. Les mythes
font autorité en matière de croyance surnaturelle et de pratique rituelle,
et servent à justifier la propriété terrienne, la position sociale et
l'autorité politique. Les proverbes peuvent être utilisés dans la
conversation courante pour guider, encourager, complimenter, admonester ou
désapprouver. Ils sont parfois cités dans les tribunaux comme précédents
dans le déroulement d'une plaidoirie, ou utilisés comme artifices rhétoriques
pour impressionner les juges. Des associations de théâtre chez les
peuples parlant la langue ibibio (sud-est du Nigeria) utilisent des pièces
satiriques jouées par des humains et des marionnettes pour exercer une
pression sociale sur des personnes ou des groupes ne parvenant pas à se
conformer aux préceptes culturels. Enfin, les distorsions de la réalité
culturelle présentes dans les contes peuvent symboliser l'accomplissement
d'un désir. Les personnages des contes agissent souvent comme les gens
souhaiteraient le faire s'ils n'en étaient empêchés par les limitations
sociales. Ainsi, le conte joue également un rôle de catharsis.
La littérature
écrite
Les courants de la
littérature écrite, comme ceux de la littérature orale, remontent loin dans
le passé. Antar (Antara ibn Shaddad al-Absi), un guerrier-poète afro-arabe
mort en 615, avant l'avènement de l'islam, est au centre d'un célèbre
récit épique intitulé le Roman d'Antar, 10 volumes, 1865-1877; Antar, le
roman d'un bédouin, 4 volumes, 1819-1820 (un tiers de traduction
intégrale). Certaines parties de ce prototype de roman de chevalerie arabe
ont été écrites par Antar lui-même. Ses narrateurs ont créé leur propre
style et ont été baptisés «antaristes» antariyya. Certains des vers
d'Antar et d'autres poèmes du long Roman font référence à ses origines
africaines, et c'est la première œuvre classique dans laquelle on trouve trace
de préjugés liés à la couleur de la peau. Le poète noir Abu Dulama ibn
al-Jaun, mort en 777, composa des vers plein d'esprit pour la cour
abbasside de Bagdad. Ziryab (Abul Hasan Ali ibn Nafi), un Afro-Persan
connu sous le nom de «Rossignol noir», se rendit en 822 en Espagne, où il
contribua de façon considérable à l'évolution de la poésie, de la musique et du
chant en Andalousie.
Tous ces poètes étaient nés esclaves.
D'autres écrivains africains déracinés se firent connaître dans
différentes parties de l'Europe, et plus tard aux Amériques. Parmi eux, citons
Juan Latino (né en Guinée), qui écrivait en latin, et Afonso Alvares, le
premier à écrire dans une langue européenne (le portugais). L'expérience
de l'esclavage puis de l'affranchissement a inspiré ce qui est sans doute
le premier récit d'exil africain composé dans une langue européenne: The
Interesting Narrative of the Life of Olaudah Equiano or Gustavus Vassa the
African, Written by Himself (1789). Dans cette autobiographie, Equiano
décrit son enfance au Nigeria, son enlèvement, sa vie d'esclave dans le
Sud américain et dans les Caraïbes, et enfin sa vie d'homme libre en Grande-Bretagne.
Les premières traces de littérature
écrite en Afrique remontent au XVIIIe siècle, avec un manuscrit en
swahili Ubendi wa Tambuka («le poème épique de Tambuka»), daté de 1728. Au
XIXe siècle, on compte la poésie de Joaquim Dias Cordeiro da Matta (Angola)
et de Caetano da Costa Alegre (São Tomé), ainsi que diverses œuvres en xhosa
d'Africains du Sud: poèmes et récits autobiographiques et de fiction de
Samuel E. K. Mqhayi; poèmes et hymnes de Kobe Ntsikana; poésie didactique
de William W. Gqoba; écrits contestataires de Hadi Waseluhlangani qu'on
appelait «la Harpe du peuple».
Les pionniers du
XXe siècle.
Parmi les auteurs
pionniers de la littérature noire africaine moderne d'avant 1945 se détachent
quatre figures, dont trois s'expriment dans des langues africaines.Le premier
romancier moderne du continent à atteindre une reconnaissance internationale,
Thomas Mofolo (Afrique du Sud), a écrit trois importants ouvrages de fiction
en sotho du sud: Moeti oa bochabela (1907, le Voyageur de l'Est, 1934),
récit allégorique de la vie africaine dans l'ancien temps et de la
conversion des Africains au christianisme; Pitseng (1910), une histoire
d'amour dans un village relatant l'éducation et la cour amoureuse de deux
jeunes gens; et le plus célèbre des trois, Chaka (1925), une biographie
romancée de la grande figure héroïque de l'histoire zouloue, parue pour la
première fois en 1925, traduite ensuite dans de nombreuses langues
européennes. Dans les trois romans, on retrouve l'expression de la culture chrétienne
de Mofolo, mais également la révélation d'une identification profonde
avec son propre peuple et ses traditions culturelles.
Jean-Joseph Rabéarivelo (Madagascar)
offre un tragique exemple de l'impact du colonialisme sur un esprit
imaginatif et impressionnable. Rabéarivelo apprend le français en
autodidacte, et rêve de rencontrer les poètes français qu'il admire de loin.
Son pays devient pour lui une prison physique, morale et intellectuelle, ce qui
le conduira au désespoir, puis au suicide. Bien qu'il tire son inspiration
des poètes de France, il intègre dans son œuvre la qualité de la forme
poétique orale malgache «hain-teny», et développe la technique de la
métaphore filée. Sa poésie devient le substitut de la liberté qu'il est
persuadé ne jamais devoir connaître. L'essentiel de son œuvre se compose
de quatre volumes: Sylves (1927), Volumes (1928), Presquesonges (1924, publié
en 1934), et Traduit de la nuit (1935).
Robert Shaaban (Tanzanie), est le
premier écrivain africain en swahili à aborder des genres différents,
inspirés autant de modèles anglais qu'africains. C'est un maître en techniques
traditionnelles, mais il écrit plus pour être lu que pour être chanté. Shaabanest
le premier à militer pour la reconnaissance du swahili comme langue principale
de toute l'Afrique de l'Est, et il écrit des nouvelles et des poèmes pour
un public qui, comme lui, n'a pas suivi d'enseignement supérieur. Ses
essais, traitant de sujets très divers, sont rassemblés dans Kielezo cha
Insha (1954, «essais modèles»), et ses autres œuvres dans une série de
volumes intitulés Diwani ya Shaaban (à partir de 1959).
La fiction moderne en prose en yorouba
connaît ses véritables débuts en 1939, quand Olorunfemi Fagunwa (Nigeria)
écrit Ogboju Ode Ninu Igbo Irunmale, traduit par Wole Soyinka sous le
titre The Forest of a Thousand Daemons (1968). Un vieux
chasseur y raconte ses aventures dans
la forêt vierge. Beaucoup de ses récits sont des contes populaires,
illustrant les croyances yorouba en matière d'esprits, de fantômes, et des
choses étranges qui peuvent arriver dans la forêt. En même temps, le
livre dépeint les problèmes ordinaires de la vie quotidienne dans les
foyers traditionnels, le tout ponctué de réflexions morales ou éthiques.
Les trois romans suivants de Fagunwa – Igbo Olodumare (1946, «la forêt du
Seigneur»), Ireke-Onibudo (1948, «le bâton du garde»), et Irinkerindo Ninu
Igbo Elegbeje: Apa Keta Olodumare (1954, «aventures dans la forêt
d'Elegbeje») – sont tous l'histoire d'une quête. Sa dernière œuvre,
Adiitu Olodumare (1961, «le secret de Dieu»), est plus réaliste. Fagunwa a
montré comment les bases de la culture populaire pouvaient être intégrées
à la fiction moderne. Ce faisant, il a su convaincre les Yoroubas
instruits de la valeur de leur héritage traditionnel, et a exercé une
influence importante sur d'autres écrivains nigerians.
La fiction
moderne.
Suivant la trace
de Fagunwa, et utilisant fréquemment les mêmes éléments, Amos
Tutuola (Nigeria)
est l'auteur de six œuvres de fiction en anglais qui ont retenu l'attention
au niveau international: l'Ivrogne dans la brousse (1952, traduit en
français par Raymond Queneau, titre original The Palm Wine Drinkard); My
Life in the Bush of Ghosts (1954, «ma vie dans la brousse des fantômes») ;
Simbi et le satyre de la jungle noire (1955, Simbi and the Satyr of the
Dark Jungle); The Brave African Huntress (1958, «la vaillante chasseresse
africaine») ; The Feather Woman of the Jungle (1962, «la femme-plume») ;
Ajayi and His Inherited Poverty (1967, «comment Ajaiyi reçut la pauvreté
en héritage»). Tous ces récits sont des quêtes mystiques, des
romans qui exploitent des contes et
légendes yoroubas, dans un anglais qui ressemble à l'idiome populaire,
mais qui utilise abondamment les références modernes – les rayons X, les
fils électriques, le klaxon, et «le fantôme dont les mains sont des téléviseurs».
La parution en
1958 de Le monde s'effondre (Things fall apart), de Chinua Achebe, marque
l'essor du roman moderne d'Afrique noire en anglais. Achebe a mis dans sa fiction
tout le monde africain, et son style doit beaucoup à la tradition orale
en dialecte, à l'usage des proverbes, au rythme et à la teneur de la
parole. Le monde s'effondre raconte l'histoire du désarroi d'une petite
communauté du Nigeria, jusque-là soudée et bien organisée, au moment où
les premiers missionnaires et les fonctionnaires coloniaux persuadent
certains autochtones d'abandonner leurs croyances traditionnelles. Le
Malaise (1960, No longer at Ease) est une suite, centrée sur un jeune
homme pétri d'aspirations européennes, qui revient dans son village après
avoir fait des études en Angleterre. La Flèche de Dieu (1964, Arrow of
God) montre le christianisme comme une force de division dans la société
africaine. La lutte entre les dieux a été complètement resituée dans
l'arène politique.
Dans les années 1960, les écrivains de
fiction d'expression anglaise tournent leur attention vers des problèmes
plus contemporains. Dans le Démagogue (1966, A Man of the People), Achebe
utilise la satire pour critiquer le gouvernement corrompu et la politique
d'appareil. Le roman les Interprètes (1965, The Interpreters), de Wole
Soyinka (Nigeria), offre une vue
kaléidoscopique de la vie urbaine en Afrique, par
l'intermédiaire
des mésaventures simultanées de cinq différents «héros». Saison
d'anomie (1973, A
Season of Anomy) est une allégorie illustrant les expériences du
Nigeria sous des
gouvernements civils et militaires autoritaires. Les romans de Ayi
Kwei Armah (Ghana)
– Deux mille saisons (1973-1974, Two Thousand Seasons),
Fragments (1970),
et L'âge d'or n'est pas pour demain (1969, The Beautiful Ones
Are Not Yet Born)
– offrent une reconstruction et une évaluation visionnaire du passé, et
simultanément, une vision très réaliste de la corruption et du déclin moral
de l'Afrique indépendante. Le roman allégorique This Earth, My Brother…
(1971), de Kofi Awoonor (Ghana), décrit la dépression mentale d'un jeune
homme au milieu de la confusion morale ambiante.
La fiction noire africaine d'expression
française insiste sur la lutte contre le colonialisme, la recherche
d'identité et le combat contre la tyrannie après l'indépendance. Mongo
Beti (Cameroun) a tenté de détruire les prétendants à la supériorité
politique, culturelle et spirituelle. Ses nouvelles font exploser à la fois
les mythes chrétiens et coloniaux. Ville cruelle (1954) décrit la vie de
paysans africains dans une exploitation de bois appartenant à des
Européens. Le Pauvre Christ de Bomba (1956), Mission terminée (1957), et
le Roi miraculé: Chronique des Essazam(1958) sont des études satiriques des
absurdités et de la cruauté de la loi coloniale. Remember Ruben (1974, le
titre est en anglais) et Perpétue (1974) traitent de la lutte juste avant
l'indépendance, et de l'impact de la loi autoritaire sur les individus.
La Ruine presque cocasse d'un polichinelle (1979) reprend les mêmes
thèmes, mais se déroule pendant l'indépendance.
Le style de Ferdinand Oyono (Cameroun),
d'un réalisme voulu, agrémenté d'un humour mordant et d'un don d'observation
sans pitié, domine ses principaux romans, Une vie de boy (1956), le Vieux
Nègre et la Médaille (1956), et Chemins d'Europe(1960). La reconstitution
pleine d'imagination d'une vision du monde et d'une réalité authentiquement
africaines imprègne l'œuvre de Camara Laye (Guinée), que ce soit dans
l'autobiographie émouvante et pleine de poésie intitulée l'Enfant noir (1953),
ou dans le Regard du roi (1954), une allégorie complexe de l'interaction
entre les valeurs africaines et européennes. Ousmane Sembène (Sénégal) a
connu une renommée internationale à la fois en tant que réalisateur de
films, et en tant que romancier. Ses romans le Docker noir (1956), Ô pays,
mon beau peuple! (1957), les Bouts de bois de Dieu (1960), l'Harmattan(1964),
et le Dernier de l'empire (1981) sont conçus comme des épopées combinant
la ferveur révolutionnaire et une vision particulièrement humaniste,
allant bien au-delà du récit réaliste dans la description des forces et des
faiblesses de l'être humain, de l'héroïsme et de la solidarité
communautaire. Ngugi wa Thiong'o (Kenya) est devenu le principal
romancier moderne de l'Afrique orientale. Ses trois premiers livres
décrivent des Africains sous la férule coloniale.
Enfant, ne pleure pas (1964, Weep not,
Child) est une histoire de pauvreté et de souffrance durant la guerre
d'indépendance de son pays. La Rivière de vie (1965, The River Between) se
déroule durant la fondation du Mouvement kikuyu pour les écoles indépendantes,
tentative d'offrir une alternative à l'enseignement missionnaire. Et le blé
jaillira (1967, A Grain of Wheat) est un récit compliqué et fort de trahison et
de souffrance dans les soubresauts de l'indépendance. Les thèmes centraux
de Ngugi sont le pouvoir politique et le mouvement de l'Histoire, tandis
que la terre reste son principal symbole. Pétales de sang (1977, Petals of
Blood) et Caitaani Mutharabaini (1980, écrit en kikuyu et traduit sous le titre
le Diable sur la croix), sont des critiques virulentes du Kenya
indépendant.
Le roman de l'écrivain soudanais
al-Tayyib Sâlih, Mawsim al-hijra ilâ al-shimâl(1966, la Saison de la migration
vers le nord) s'inspire dans sa forme du récit à la première personne dans
le style de Conrad, dont il propose une interversion mimétique
intéressante. Le roman part du cœur de l'Europe pour retourner au village natal
du narrateur.
L'Afrique du Sud est riche de fiction
en langues africaines, avec notamment les œuvres de A. C. Jordan et de
Jordan K. Ngubane. Le roman de A. C. Jordan, Inggoubo yeminyaya (1940, «la
colère des esprits ancestraux»), est devenu un classique de la fiction
moderne xhosa. Celui de Ngubane, Uvalo Lwezinhlonzi (1957, «d'un regard,
il provoquait la terreur»), écrit en zoulou, fut suivi de Ushamba: The Hurtle
to Blood River, écrit en anglais (1974, édition révisée en 1979), ouvrage
interdit en Afrique du Sud.Le premier
roman d'un écrivain noir d'Afrique du Sud à connaître un succès international
fut Mine Boy (1946), de Peter Abrahams. Parmi ses œuvres, écrites pour la
plupart alors qu'il vivait au Ghana, en Grande-Bretagne ou à la Jamaïque,
on compte également Rouge est le sang des Noirs (1946), A Wreath for Udomo
(1956), Wild Conquest (1950), le Sentier du tonnerre (1948, The Path of
Thunder), et les deux romans autobiographiques Je ne suis pas un homme
libre (1954, Tell Freedom), et Return to Goli (1953).Les courts romans d'Alex
La Guma offrent une peinture intense des réalités particulières de la vie
en Afrique du Sud sous le régime de l'apartheid, mais vont bien au-delà
des limites du naturalisme en plongeant un regard profond et dérangeant
au cœur de l'humanité. A Walk in the Night (1962) et And a Threefold Cord
(1964) décrivent la vie dans le ghetto du Cap. The Stone Country (1967)
est inspiré de manière très réaliste de la propre expérience de La Guma en
prison. In the Fog of the Season's End (1972) a pour sujet la lutte
activiste en Afrique du Sud, et Time of the Butcherbird (1979) traite de
la ségrégation géographique et du déplacement forcé des populations noires
vers les «homelands». Bessie Head, également sud-africaine de naissance, a
passé pratiquement toute sa vie au Botswana; les thèmes de l'exil et de l'éloignement
sont au centre de ses romans When Rainclouds Gather (1969), Maru(1971) et A
Question of Power (1974). Le Zimbabwéen Dambudzo Marechera, mort du sida
en 1987, trace une violente critique de la misère dans la Maison de la faim (1999, The House of hunger). Es'kia Mphahlele est le plus célèbre des écrivains noirs d'expression
anglaise d'Afrique du Sud. Son roman, Down Second Avenue (1959) est un chef-d'œuvre autobiographique,
et il a été suivi d'un second ouvrage du même genre, Afrika My Music: An
Autobiography, 1957-83 (1984). Mphahlele a également écrit des essais de critique
littéraire: Voices in the Whirlwind (1972), et The African Image (1962, édition
revue en 1974), et a traité le thème de l'exil dans deux romans: The Wanderers
(1971) largement inspiré de son propre exil; Chirundu (1980), situé en Zambie,
qui évoque le destin de deux Noirs exilés d'Afrique du Sud, dont l'un conclura
que connaître à nouveau la détention et la torture est encore préférable
à l'exil loin de son pays.
La nouvelle est une forme littéraire
qui a fourni une riche moisson à l'Afrique du Sud. Celles de Mphahlele ont
été rassemblées dans les recueils Man Must Live, and Other Stories (1947),
et The Living and The Dead (1961). Nat Nakasa, Can Themba, Arthur Maimane,
Bloke Modisane, Richard Rive, et Alex La Guma, ont entre autres, eux aussi
produits des petits chefs-d'œuvre de ce genre.
D'expression portugaise, Bernardo
Honwana du Mozambique s'est fait connaître lui aussi pour ses nouvelles.
En Angola, José Luandino Vieira, s'est fait remarquer avec Luuanda (1964),
trois longs contes qui restituent le langage et la vie des habitants pauvres
des villes, tandis que Manuel Rui, dans le Porc épique (1999, Quem me
dera ser onda) critique avec férocité la bureaucratie durant l'ère
socialiste, dans une satire de laquelle ne sont pas exclues la tendresse
et la réflexion philosophique.
La poésie moderne
La poésie
africaine d'expression française est née en dehors du continent, parmi
des auteurs qui ont tenté de redécouvrir leur identité africaine, de
réaffirmer un sens perdu de la dignité, et de proclamer l'héritage de
l'histoire et de la culture africaines aux yeux du monde dominé par l'Europe
qui niait son existence. Dans son célèbre Cahier d'un retour au pays natal
(1939), c'est le poète antillais Aimé Césaire qui a donné le nom de négritude,
à cette affirmation de l'identité africaine. Pour Leopold Sédar Senghor
(Sénégal), le concept devient un thème à la fois esthétique et mystique;
dans son essai l'Esthétique négro-africaine (1956), il tente de définir la
négritude, qu'il a illustrée dans son Anthologie de la nouvelle poésie
noire et malgache de langue française (1948). Cette anthologie ainsi que
ses propres recueils de poèmes Chants d'ombre (1945), Éthiopiques (1956),
et Nocturnes (1961) ont fait de lui le chantre de cette négritude que l'on
retrouve dans les poèmes de trois autres Africains de l'ouest: Birago
Diop, David Diop et Bernard Dadié. Le poème Souffles (1947), de Birago Diop,
est souvent cité comme exemple de ce mouvement littéraire. Tchicaya U
Tam'si (Congo), entremêle les influences du surréalisme, de Césaire, du
symbolisme français, de l'imagerie catholique romaine, du paysage
congolais et de l'angoisse de l'exil dans cinq puissants recueils de
poésie – Feu de brousse (1957), À triche-cœur (1958), Épitomé: les mots de
tête pour le sommaire d'une passion (1962), le Ventre (1964), et l'Arc
musical (1969).
La poésie africaine d'expression
anglaise traite de thèmes similaires. On y trouve souvent en plus un
certain sens de l'humour, parfois amer et sardonique, parfois chaleureux
et réellement comique. Christopher Okigbo
(Nigeria) semble échapper à l'aliénation et à la frustration des générations
précédentes. Ses œuvres les plus connues, Heavensgate (en quatre
parties, 1962), et Limits (1964), ont pour thèmes le supplice, l'angoisse,
et la purification.
Deux recueils, Idanre (1967), Idanre
and Other Poems (1967), et A Shuttle in the Crypt (1942), ont fait de Wole
Soyinka un des plus importants poète nigerian. The House by the Sea
(1978), ouvrage marquant de Kofi Awoonor, comprend une série de poèmes
puissants écrits durant l'année où il a été emprisonné par un
gouvernement militaire.
La poésie sud-africaine d'expression
anglaise déborde de la passion de la contestation et du caractère poignant
de l'exil. Dennis Brutus a publié différents recueils – Sirens, Knuckles
and Boots (1963), Letters to Martha and Other Poems from a South African
Prison (1968), Thoughts from Abroad (1970), A Simple Lust (1973), Strains (1975; édition révisée en 1982), et Stubborn Hope (1978)
– qui évoquent l'emprisonnement, la révolution, la libération, et
l'expérience de l'exil. Arthur Nortje, décrit par Brutus comme «peut-être
le meilleur poète sud-africain de notre temps», a subi l'exil forcé et
s'est donné la mort en 1970; ses poèmes sont rassemblés sous le titre de
Dead Roots (1973). À l'instar de Brutus, d'autres poètes importants ont
quitté l'Afrique du Sud pour écrire depuis leur lieu d'exil: parmi les
œuvres de Mongane Serote, on trouve un important recueil de poésie, Tsetlo
(1975), et un roman, To Every Birth its Blood (1981); parmi celles de
Keorapetse Kgositsile, on remarque les poèmes rassemblés dans Spirits
Unchained (1969), For Melba (1970), My Name is Afrika (1971), The Present
Is a Dangerous Place to Live (1974), et Herzspuren (publié en Allemagne en 1980); Mazisi Kunene, poète et érudit de la
littérature zouloue, s'exprimant en zoulou et en anglais, a tenté dans
deux poèmes épiques de grande envergure – Emperor Shaka the Great (1979)
et Anthem of the Decades (1981) – de
restituer l'esprit, la substance, et les techniques de la tradition orale zouloue.
Le nombre de
poètes africains lusophones a considérablement augmenté au cours du XXe siècle.
Parmi les plus célèbres dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale,
citons Eugenio Tavares et Jorge Barbosa, tous deux originaires du CapVert, le
poète et folkloriste aveugle Oscar Ribas, de l'Angola, Rui de Noronha, du Mozambique,
et Francisco José Tenreiro, de São Tomé. Le passage à la période moderne
s'effectue à travers l'œuvre de Mario da Andrade (Angola), pas seulement par
le biais de sa propre poésie, mais par celui de son anthologie riche et
originale, Literatura africana de expressão portuguesa (1967-1968). Parmi
les poètes contemporains, on distingue Agostinho Neto (le premier
président de l'Angola), Valente Malangantana et José Craveirinha, du
Mozambique, ainsi que l'Angolais Antonio Cardoso.
Le théâtre
Bien que l'art
dramatique soit un genre florissant dans l'Afrique d'aujourd'hui, le théâtre
sous forme de textes littéraires édités reste rare. Du point de vue de la
culture africaine, les deux éléments ne sont pas contradictoires. Le
théâtre est l'un des arts du spectacle les plus complexes et
multidisciplinaires, et son développement remonte fort loin dans les
traditions de l'Afrique noire. Le ntsomi était une forme d'expression xhosa,
comme l'étaient les mascarades du Nigeria. La pièce zouloue Umxakazawakogingqwayo
a été transcrite d'après une représentation orale de la fin du XIXe siècle.
Le conte populaire, le chant des louanges ainsi que certains rituels et cérémonies
avaient eux aussi un côté théâtral. Ils combinaient le chant, la musique,
le mime, la parole scandée, la danse, et d'autres formes d'action
symboliques, et s'accompagnaient de costumes, d'accessoires et de masques,
tout en utilisant tous les éléments – intrigues, presonnages et action –
qui se combinent au spectacle pour en faire du théâtre. Ils ont perduré
jusqu'à nos jours, intégrant des éléments contemporains et souvent aussi
des influences extérieures, à leurs modes et techniques de représentation.
Ces traditions ont également donné naissance à de nouvelles formes
modernes, telles que la «concert party» au Ghana, et le «folk
opera» yorouba au Nigeria, qui ne se
prêtent pas aisément à la publication de textes imprimés.
Les arts du spectacle africains se sont
également développés sous la forme de pièces bibliques librement inspirées
des Écritures, souvent pleines d'humour grivois, et dans lesquelles la
musique africaine et les chants tiennent une place importante. Dans les années
1940 et 1950, Hubert Ogunde a sécularisé ce type de théâtre, le
transformant tout d'abord en divertissement populaire, puis en critique
sociale judicieuse, humoristique et efficace. Ogunde, imité par Kola
Ogunmola (Nigeria), qui travaille dans la même veine, sont les créateurs
du folk opera yorouba. Le chef-d'œuvre d'Ogunmola était une version mise
en scène de l'Ivrogne dans la brousse, d'Amos Tutuola. Oba koso (1964, «Le
roi ne pend pas»), de Duro Ladipo, est l'un des rares folk operas à avoir
été publié dans sa langue d'origine, et ses Trois Pièces yorouba (1964), incluant Oba koso et Oba waja («Le roi est
mort»), ont été publiées en version anglaise. Ces œuvres, inspirées de
l'histoire, des mythes et des légendes yorouba, sont cependant bien plus
savoureuses sous forme de spectacles. Les dialogues sont réduits au
minimum; la langue, très imagée, est truffée de proverbes et d'allusions;
les thèmes sont austères et souvent tragiques, et une grande partie de l'impact
sur le public émane de la musique, du son des tambours, et des danses cérémonielles.
J. P. Clark (Nigeria) a écrit plusieurs
pièces importantes en anglais: Song of Goat (1960), un drame émouvant se déroulant dans un village de pêcheurs ijaw
(delta du
Niger), The Masquerade (1964), The Raft
(1964), et Ozidi, une version modernisée et scénique d'une cérémonie ijaw.
Mais le dramaturge le plus significatif du monde africain reste sans
conteste Wole Soyinka (Nigeria). Abordant du point de vue artistique la
prise de conscience de l'identité africaine, s'ancrant dans l'univers
mythique et cosmologique yorouba tout
en traitant de sujets contemporains touchant non seulement au Nigeria,
mais à toute l'Afrique, Soyinka a su créer des œuvres scéniques d'une
grande puissance, souvent sur le ton du comique satirique.
Profondément africaines dans leur
expression, leur perception et leur impact sont universels.Sa pièce la
Danse de la forêt (1963, A Dance of the Forest), qui lui avait été commandée
pour la célébration de l'indépendance du Nigeria, mais qui fut interdite
de représentation, est une œuvre complexe qui, sur la trame des mythes
yorouba, présente une nation examinant sans complaisance sa propre
histoire, ses illusions, et les choix auxquels son peuple est confronté.
Le Lion et le Bijou (1963, The Lion and the Jewel) et les Tribulations de
frère Jero (1963, The Trials of Brother Jero) sont des satires comiques
traitant de la vie dans les villages et dans les villes, et du vernis de l'européanisme.
Un sang fort (1963, The Strong Breed) et les Gens du marais (1963, The
Swamp Dwellers) donnent des portraits poignants de la vie villageoise. La Récolte
de Kongi (1967, Kongi's Harvest) trace le portrait d'un dictateur africain et
du culte de la personnalité qui l'entoure. La Route (1965, The Road),
l'Écuyer et la mort du roi (1975, Death and the King's Horseman) et Fous
et Spécialistes (1971, Madmen and Scientists) sont des drames
philosophiques. Ce ne sont que quelques illustrations de la production
théâtrale de Soyinka, qui a fait de lui le dramaturge le plus prolifique
du continent.
Pour l'ensemble de son œuvre, théâtre,
poésie, fiction, mais aussi critique et essais
(Mythe, littérature et le monde
africain (1975), Myth, Literature and the African World), Wole Soyinka
s'est vu attribuer en 1986 le prix Nobel de littérature. Premier auteur
noir africain à recevoir cet honneur, Soyinka l'a accepté, non pas en son
seul nom, mais comme une reconnaissance de la réussite littéraire de
l'Afrique tout entière.
Internationalisation
ou particularismes
L'écrivain
d'Afrique noire se trouve confronté à la fois à une internationalisation
de ses codes de référence et à un réflexe d'intériorisation et de
«désidéologisation» de son écriture. Sa recherche des publics et des
partenaires culturels devient difficile pour des raisons à la fois très
directement matérielles et financières (à l'exception du Nigeria, la
production africaine dépend encore très largement des maisons d'édition
et des financements non africains) et aussi très intellectuelles
(l'écrivain a le choix de s'exprimer en une langue européenne – et il se
coupe de la masse de ses compatriotes – ou en un parler «national» – et il
disparaît dans la balkanisation culturelle). Une inquiétude morale et
tragique traverse de plus en plus cette littérature. Il faut prendre conscience
des liens quasi schizophréniques qui se sont tissés entre les écrivains africains
et leurs publics. Comme le souligne le romancier nigérian Kole Omotoso,
les romans «deviennent les produits d'une espèce de voyeurisme, un coup
d'œil de ceux qui sont riches, la misère lue en silence par ceux qui n'en
ont rien à faire de la dénoncer».
Source: http://fr.encyclopedia.yahoo.com
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Πληροφορίες
- Africana
- Πτυχίο στα οικονομικά (πανεπιστήμιο Μακεδονίας),DEA (πανεπιστήμιο Paris 2),διδακτορικό δίπλωμα (τμήμα οικονομικών επιστημών του πανεπιστημίου Θεσσαλίας), δεύτερο διδακτορικό δίπλωμα (τμήμα ανθρωπογεωγραφίας του πανεπιστημίου Michel de Montaigne - Bordeaux 3). Μ'αρέσουν τα ταξίδια, οι ήχοι και οι μυρωδιές του κόσμου. Θέλω να μοιραστώ μαζί σας την αγάπη μου για την Αφρική.